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sept pour un secret…

le moyen d’exprimer toutes ces choses étranges, ces pensées ardentes, confuses et tendres qui lui emplissaient l’âme sans lui laisser de repos. Quand il les aurait logées, qu’il leur aurait donné la parure d’une chanson, elles ne le tourmenteraient plus autant. Et en secret, sans le savoir elle-même, Gillian serait le centre brillant de ces vagues tableaux, la fleur ornant la caverne rocheuse de sa poésie.

Sept pour un secret… murmura-t-il.

— Allons, cria Gillian, on ne parle pas à des fantômes. Qu’est-ce que vous dites ?

— Rien, rien.

Il ne faut pas courtiser la fille du maître, ni la mettre sur le trône dans un poème, ni composer de poèmes. Il réfléchit avec malice que le temps qu’il passerait à faire des chansons dans sa tête lui serait payé par Isaïe, que la lande, tout autour de la ferme, qui l’avait inspiré, appartenait à Isaïe, et que leur beauté principale serait la fille unique d’Isaïe.

« Il faudra, pensa-t-il, bien des heures de travail supplémentaire pour compenser tout cela », et son sourire piqua la curiosité de Gillian.

— Dites, dites !

— Non, je ne peux pas.

— Quelque chose que vous allez faire ?

— Peut-être bien

— Pour moi ?

— En un sens ce sera uniquement pour vous.

— Oh, Bob !

— À présent, dites-moi de quelle couleur seront vos robes quand vous serez une dame riche.

Ils étaient assis à la lueur du feu, heureux, gais. Quiconque aurait regardé à travers la fenêtre givrée, les aurait pris pour des amoureux, ne sachant pas