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d’une part par l’orientation vers Dieu, d’autre part par l’association dans le temps avec le rythme des saisons.

Liturgie et saisons —

Fêtes plongeant dans la nature.



La Croix est tout. Elle est providentiellement inscrite dans l’espace de manière que nous ne puissions pas la méconnaître.



Le critérium de l’arbre et ses fruits est par avance la condamnation de la notion d’orthodoxie.



La science est un effort pour apercevoir l’ordonnance de l’univers. Par suite c’est un contact de la pensée humaine avec la sagesse éternelle. C’est quelque chose comme un sacrement.

Dans tous les peuples de l’antiquité — excepté, bien entendu, chez les Romains — vivait la pensée que la matière inerte, par la soumission à la nécessité, donne à l’homme l’exemple de l’obéissance à Dieu.

Cette pensée permet d’embrasser dans un seul acte de l’esprit la science comme investigation de la beauté du monde, l’art comme imitation de la beauté du monde, la justice comme équivalent de la beauté du monde parmi les choses humaines, et l’amour envers Dieu en tant qu’auteur de la beauté du monde.

Ainsi est restituée une unité perdue depuis des siècles.

Il faut y ajouter le travail comme contact pour ainsi dire physique avec la beauté du monde à travers la douleur de l’effort.