Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/174

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et qu’on demande : « Qu’est-ce que c’est que cette liberté à laquelle l’homme a droit ? », la notion employée ne fournit aucune méthode pour chercher une réponse correcte.

Au contraire, si on dit : « On est obligé de donner à l’homme ce dont il a besoin, et il a besoin de la liberté », et… en ce cas au contraire…

Et si on demande : « Qui est obligé ? » il faut répondre : « Chaque homme, selon les possibilités que lui donne la situation où il se trouve ».

Et si on demande : « Qui a besoin ? » Tous les hommes. Ce qui n’est pas universel par essence, bien que les formes puissent être variables, n’est pas un besoin.

Cette formule est à la fois absolue comme un principe et souple comme la vie.



Témoignage indirect du respect.

Repose sur la liaison entre la sensibilité et l’exigence de bien qui est l’essence de l’homme. Cette liaison est inscrite dans, [est le nœud de,] la nature humaine et existe en tout homme.

[C’est l’incarnation du divin dans l’homme. C’est la vie. La dissociation de cela, c’est la mort. « Philosopher, c’est apprendre à mourir. » Ici-bas elle n’est que partielle.]

Quand la vie d’un homme est détruite ou mutilée, du fait des actes ou des omissions des autres hommes, par une blessure ou une privation de l’âme ou du corps, ce n’est pas en lui la sensibilité seulement qui subit le coup, mais aussi l’aspiration au bien.

Rien n’autorise à supposer que ce ne soit pas toujours vrai de tous les êtres humains sans aucune exception.