Page:Weil - Écrits de Londres et dernières lettres, 1957.djvu/225

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N’empêche que, compte tenu de tout, il me paraît certain qu’ils valent mieux que nous dans la période historique présente. (Ce n’est pas difficile, il est vrai.)

Je vous ai écrit, dès que j’ai pu, en vous expliquant comment j’avais été tenue dix-neuf jours au secret et dans l’impossibilité de le faire. C’est une mesure générale, mais c’est généralement moins long. (Racontez cela à M., puisqu’il désire savoir comment ces choses se passent.) Je n’ai pas eu de chance. Au reste on est parfaitement bien traité matériellement et moralement. Ce qui n’empêche pas que tout le monde sort de là complètement à plat. C’est un phénomène singulier. Je n’ai pas fait exception. Mais quelques jours de liberté effacent cela complètement.

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Mme R. est gentille au possible pour moi. F. est de plus en plus sympathique. Chose assez singulière, nos esprits semblent avoir pris des orientations voisines.

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J’ai vu que le Lehigh a débordé. J’espère que le berceau de Sylvie[1] n’a pas été emporté par les eaux.

Love from my very soul.

S. W.




8-1-43
Darlings,

J’ai reçu votre télégramme aujourd’hui. Excepté votre lettre du 13 novembre je n’avais eu jusque-là aucune nouvelle de vous. Mais ce qui me tourmentait

  1. Nièce de Simone Weil, née peu avant le départ de celle-ci pour l’Angleterre.