ils se ressemblent beaucoup. Ils se ressemblent par le refus de la nudité, par le besoin du vêtement, fait de chair et surtout de chaleur collective, qui protège contre la lumière le mal que chacun porte en soi. Ce vêtement rend Dieu inoffensif, il permet indifféremment de le nier ou de l’affirmer, de l’invoquer sous des noms faux ou vrais ; il permet de le nommer par son nom sans avoir à craindre que l’âme soit transformée par le pouvoir surnaturel de ce nom.
L’histoire des trois frères, dont le plus jeune, comme dans tous les contes, reçut l’aventure merveilleuse, a-t-elle aussi une portée loin des bords de la Méditerranée ? C’est difficile à deviner. On peut seulement penser que la tradition hindoue, si extraordinairement semblable dans le centre même de son inspiration à la pensée grecque, n’est vraisemblablement pas d’origine indo-européenne ; sans quoi les Hellènes l’auraient possédée en arrivant en Grèce et n’auraient pas eu tout à apprendre. D’autre part, d’après Nonnos, il est question deux fois de l’Inde dans la tradition dionysiaque ; Zagreus aurait été élevé près d’un fleuve indien nommé l’Hydaspe, et Dionysos serait allé faire une expédition en Inde. Soit dit en passant, il aurait rencontré au cours de ce voyage un roi impie qui aurait lancé son armée sur lui alors qu’il se trouvait sans armes, au sud du mont Carmel, et l’aurait forcé à se réfugier dans la mer Rouge. L’Iliade parle aussi de cet incident, mais sans le situer. S’agit-il d’Israël ? Quoi qu’il en soit, la parenté de Dionysos avec Vishnou est évidente, et Dionysos se nomme aussi Bacchus. On ne peut rien dire de plus de l’Inde. On ne peut probablement rien dire du reste de l’Asie, ni de l’Océanie, ni de l’Amérique, ni de l’Afrique noire.
Mais pour le bassin méditerranéen la légende des trois frères est la clef de l’histoire. Cham a réellement subi une malédiction, mais qui lui est commune avec toutes les choses, tous les êtres qu’un excès de beauté et de