Page:Weil - Intuitions pré-chrétiennes, 1951.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en cueillant des fleurs, la rose et le safran et les violettes si belles, dans un pré suave, et les iris et la jacinthe,
et le narcisse qui suscitait, comme un piège, pour la vierge au visage de bouton de rose
la Terre mise par la volonté de Zeus au service de Celui qui accueille.
Cette merveille radieuse, tous en vénéraient le spectacle,
les dieux immortels aussi bien que les hommes mortels.
Hors de sa racine cent fleurs poussaient.
Du parfum de la plante tout le ciel qui s’étend là-haut,
et la terre tout entière souriait, et le gonflement salé de la mer.
Elle se prit à frémir et tendit les mains, les deux mains,
Pour saisir le beau jouet. Alors s’ouvrit la terre aux vastes routes
dans la plaine de Nysa ; alors se dressa le roi, Celui qui accueille
avec ses chevaux immortels, le fils de Cronos aux noms nombreux.
Il la saisit bien malgré elle sur son char en or,
Il l’emmena qui pleurait et qui criait, élevant la voix,
Appelant son père, fils de Cronos, dieu suprême, dieu parfait.
.........................

v. 50

Ainsi, bien malgré elle, il l’emmenait par la providence de Zeus
Lui, le frère de son père, Celui qui commande, Celui qui accueille.


(La douleur de Déméter empêche le blé de pousser ; l’espèce humaine périrait et les dieux resteraient sans honneur si Zeus n’envoyait dire à Aïdonée de laisser partir la jeune fille. Aïdonée écoute le message en souriant et obéit. Il dit à Coré :)


v. 361

« Va, Perséphone, chez ta mère au voile bleu,
Puisque tu n’as dans ta poitrine qu’un courage et un cœur d’enfant
Et ne t’irrites pas à l’excès sans motif.