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πόλλ᾽ ἀεκαζομένη, κρατερὴ δ᾽ ἐπικείσετ᾽ ἀνάγκη.[1]




JOURNAL D’USINE



Non seulement que l’homme sache ce qu’il fait — mais si possible qu’il en perçoive l’usage — qu’il perçoive la nature modifiée par lui.

Que pour chacun son propre travail soit un objet de contemplation.



Première semaine.


Entrée le mardi 4 décembre 1934.


Mardi. — 3 h. de travail dans la journée : début de la matinée, 1 h. de perçage (Catsous).

Fin de la matinée, 1 h. de presse avec Jacquot (c’est là que j’ai fait connaissance avec le magasinier). Fin de l’après-midi : ¾ h. à tourner une manivelle pour aider à faire cartons (avec Dubois).

Mercredi matin.Balancier toute la matinée, avec des arrêts. Fait sans me presser, par suite sans fatigue. Coulé !

De 3 à 4, travail facile à presse ; 0,70 %. Coulé néanmoins.

À 4 h. ¾ : machine à boutons.


Jeudi matin.Machine à boutons ; 0,56 % (devait être 0,72). 1 160 dans toute la matinée — très difficile.

Après-midi. — Panne d’électricité. Attente de 1 h. ¼ à 3 h. Sortie à 3 h.


Vendredi. — Pièces à angle droit, à la presse (outil devant seulement accentuer l’angle droit). 100 pièces loupées (écrasées, la vis s’étant desserrée).

  1. Bien malgré toi, sous la pression d’une dure nécessité.