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d’huile. Difficulté à couper la bande. À la tirer. Retiré pièces trop souvent. Gagné 1 fr. 85 ; au taux d’affûtage on doit me payer 2 fr. 10. Différence de 0 fr. 25.

8 h. 50 à 11 h. ¾ : trous pour connexions, avec le petit balancier (nom ?). Lenteur au début, parce que trop enfoncé outil, trop longuement placé pièce — et regardé à côté. 830 pièces à 0,84 %. Gagné 7 fr. ; coulé, mais de peu. Effect. 2 fr. 30, marqué pour 2 fr. 80.

Pour la matinée : 1 h. à regagner.

1 h. ¼ à 2 h. ½ : arrêt (1 h. seulement marquée).

2 h. ½ à 4 h. : presse. Cambré pièces découpées le matin : 600. 0,54 % ; gagné donc 3 fr. 24. Marqué 1 h. 20 (¼ h. de plus que si pas coulé).

4 h. ½ à 5 h. ¼ : four. Travail très pénible : non seulement chaleur intolérable, mais les flammes vont jusqu’à vous lécher les mains et les bras. Il faut dompter les réflexes, sous peine de louper… (une loupée !). Il y a 500 pièces (le reste jeudi matin), payées 4 fr. 80 les 100. Donc 24 fr. le tout.

Je dispose de 8 heures.

En dehors de ça, j’ai dans la journée 3 h. 40 + 1 h. ¼ + 1 h. 20 = 6 h. ¼. 2 h. ¾ à regagner. En tenir compte. Demain je ne ferai sans doute pas plus de 3 ½ ou 4 h…

Four. Le premier soir, vers 5 h., la douleur de la brûlure, l’épuisement et les maux de tête me font perdre tout à fait la maîtrise de mes mouvements. Je n’arrive pas à baisser le tablier du four. Un chaudronnier se précipite et le baisse pour moi. Quelle reconnaissance, à des moments pareils ! Aussi quand le petit gars qui m’a allumé le four m’a montré comment baisser le tablier avec un crochet, avec bien moins de peine. En revanche, quand Mouquet me suggère de mettre les pièces à ma droite pour passer moins souvent devant le four, j’ai surtout du dépit de n’y avoir pas songé moi-même. Toutes les fois que je me suis brûlée, le soudeur m’a adressé un sourire de sympathie.

3 bons non coulés (four 2, 1 rivetage) pour 24 fr. 60 + 9 fr. 20 + 29 fr. 40 = 63 fr. 20.


Jeudi 3. — 7 h.-9 h. ¼ : four. Nettement moins pénible que la veille, malgré un mal de tête violent dès le réveil. Ai appris à ne pas tellement m’exposer à la flamme, et à courir peu de risque de louper. Très dur néanmoins. Bruit terrible des coups de maillet, à quelques mètres.