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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/317

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Par l’effet d’une autre disposition providentielle, la vérité et le malheur ont l’un et l’autre de la beauté.

Par suite, malgré leur mutisme, l’attention peut se fixer sur eux.

Il est vraiment, littéralement vrai, comme Platon le fait dire à Socrate dans le Phédon, que la Providence, non la nécessité, est l’unique explication de cet univers. La nécessité est une des dispositions éternelles de la Providence,


Dans la peinture vraie du malheur, ce qui suscite la beauté, c’est la lumière de la justice dans l’attention de celui qui a tracé le tableau, attention rendue contagieuse par la beauté.

Seul un juste parfait pouvait écrire l’Iliade.


Dans la chute à partir d’une civilisation illuminée de foi, les hommes ont probablement perdu en premier lieu la spiritualité du travail.

En ce moment, c’est justement l’invention avortée d’une spiritualité du travail qui bouillonne en nous.

Serait-ce le signe d’un cycle qui se boucle ?


Il y a eu avant l’esclavage une civilisation de la spiritualité du travail. Il y en a des marques certaines. Les traditions sur les dieux instituteurs des métiers, Dionysos et Éleusis, l’écho des traditions qui se reflètent dans le « donne-moi un point d’appui » d’Archimède, le « statera facta corporis », joints à la balance, au fil à plomb, etc., du conte égyptien.

On nous avait donné ces symboles avec leur signification.


« Par le dharma le faible prescrit des ordres au fort. » Comme par la balance à bras inégaux le gramme l’emporte sur le kilo.

Par la lecture de ce symbolisme, l’âme cesse d’être écrasée par la lecture continuelle de la force dans la matière.