que d’être néant. Toute valeur dans un être humain est réellement une valeur négative. C’est comme une tache dans du verre. Le verre qui est plein de taches peut bien croire qu’il est quelque chose, et qu’il est très supérieur au verre parfaitement transparent, au travers duquel la lumière passe comme s’il n’y avait rien. C’est pourquoi. « Quiconque s’élève sera abaissé, quiconque s’abaisse sera élevé. » Il n’y a pas besoin pour cela d’une opération de compensation. Simplement nous sommes nés avec une déformation congénitale du sens de la direction, qui fait qu’en montant nous avons la sensation de descendre, et en descendant nous avons la sensation de monter.
Ainsi, si l’on considère des nombres négatifs, si on passe de − 20 à − 10, il y a amoindrissement du point de vue de la quantité absolue, et celui qui n’est sensible qu’aux modifications de cette quantité croit qu’il y a amoindrissement. Mais dans la suite totale des nombres ce passage est un accroissement.
Nous naissons loin au-dessous de zéro. Zéro est notre maximum, la limite accessible seulement après avoir franchi une série qui a un nombre illimité de termes (par exemple ). Zéro, c’est l’état de l’esclave sans valeur.
Saint Thomas d’Aquin, commentaires sur l’Éthique d’Aristote, viii, 7, cité par Maritain :
« L’amitié… ne peut pas exister entre des êtres trop distants les uns des autres. L’amitié suppose que les êtres sont rapprochés les uns des autres et sont parvenus à l’égalité entre eux. Il appartient à l’amitié d’user d’une manière égale de l’égalité qui existe déjà entre les hommes. Et c’est à la justice qu’il appartient d’amener à l’égalité ceux qui sont inégaux : quand cette égalité est atteinte, l’œuvre de la justice est accomplie. Et ainsi l’égalité est au terme de la justice, et elle est au principe et à l’origine de l’amitié. »
C’est absolument le contraire du christianisme. Com-