Compassion pour toute créature, parce qu’elle est loin du Bien. Infiniment loin. Abandonnée.
Dieu abandonne notre être tout entier, chair, sang, sensibilité, intelligence, amour, à la nécessité impitoyable de la matière et à la cruauté du démon, sauf la partie éternelle et surnaturelle de l’âme.
La Création est abandon. En créant ce qui est autre que Lui, Dieu l’a nécessairement abandonné. Il ne conserve sous sa garde que ce qui dans la Création est Lui — la partie incréée de toute créature. Cela, c’est la Vie, la Lumière, le Verbe. C’est la présence du Fils unique de Dieu ici-bas.
Consentir à cet ordre suffit.
Comment le consentement s’unit-il à la compassion ? Comment est-ce un acte d’amour unique, alors que cela semble inconciliable ?
Sagesse, enseigne-moi cela.
Dieu est absent du monde, sauf par l’existence en ce monde de ceux en qui vit Son amour. Ils doivent donc être présents au monde par la miséricorde. Leur miséricorde est la présence visible de Dieu ici-bas.
Quand nous manquons de miséricorde, nous séparons violemment une créature et Dieu.
Par la miséricorde nous pouvons mettre en communication avec Dieu la partie créée, temporelle d’une créature.
C’est une merveille analogue à l’acte même de la création.
La cruauté des Juifs et des Romains a eu tant de pouvoir sur le Christ que par son effet il s’est senti abandonné de Dieu.
La miséricorde comble cet abîme que la création a établi entre Dieu et la créature.
C’est l’arc-en-ciel.
La miséricorde doit être de la même dimension que