Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pétuel, c’est un exemple de contradiction non légitime dans le domaine transcendant.

Comment en distinguer l’espèce de celle des contradictions légitimes par une définition ?

Dans le cas de la contradiction illégitime, si on supprime un terme, l’intelligence de l’autre n’en est pas modifiée,

Il faut trouver mieux.


Il y a des absurdités qu’il est utile de supposer. Ex. : au cas où Dieu voudrait ma damnation.… C’est absurde, la volonté de Dieu sur moi et mon salut sont identiques en Dieu. Mais utile parce que diriger mon désir vers la volonté de Dieu ou vers mon salut sont en moi deux choses très différentes.

Il y a des vérités qu’il ne faut pas savoir, ou pas trop. Ex. que le terme de l’obéissance à Dieu est sans doute la béatitude.

Il y a telles choses qui sont bonnes à penser pour tels, non pour tels. L’acceptation de l’enfer par respect pour la volonté de Dieu est bonne quand une âme se sent au bord de la damnation ; mauvaise quand elle se sent à portée du salut, car alors on accepte l’enfer pour les autres.

Plusieurs représentations ont ainsi une valeur de vérité, mais une valeur d’usage qui varie.

En matière transcendante, il y a une architecture des représentations et notions. Certaines sont à mettre au premier plan, d’autres à loger dans la partie de l’âme muette, secrète, inconnue à la conscience. Certaines à loger dans l’imagination, d’autres dans l’intelligence tout à fait abstraite, d’autres dans l’une et l’autre, etc.

Cette architecture compliquée et raffinée, qui s’opère même chez ceux qu’on nomme des simples, s’ils s’approchent de la sainteté, est ce qui bâtit une âme prête au salut.

L’homme ne l’opère pas ; elle s’opère par l’effet de la grâce si elle n’est pas entravée. Généralement celui chez qui elle s’opère ne s’en rend pas compte ou presque.

À l’égard d’une telle architecture, combien l’énoncé