versé jusqu’au bout, et traversé en suivant un chemin tracé avec une rigueur irréprochable. Autrement on n’est pas au delà, mais en deçà.
C’est ce sentiment qui a fait adopter instinctivement par Platon et saint Jean de la Croix, l’un la forme argumentative, l’autre la forme classificatrice, qui surprennent le lecteur, mais répondent chez l’auteur à la nécessité d’un contrepoids pour la mystique.
Le mystère étant ainsi défini, les mystères de la foi sont contrôlables par l’intelligence.
Un autre critérium est que quand l’esprit s’est nourri du mystère par une longue et amoureuse contemplation, il constate qu’en supprimant, en niant le mystère, il ôte à l’intelligence en lui des trésors saisissables pour elle, qui sont de son domaine, qui lui appartiennent.
L’intelligence ne peut contrôler le mystère lui-même, mais elle est parfaitement en possession du pouvoir de contrôle sur les chemins qui conduisent au mystère, qui y montent, et les chemins qui en redescendent. Elle reste ainsi absolument fidèle à elle-même en reconnaissant l’existence dans l’âme d’une faculté supérieure à elle-même et qui conduit la pensée au-dessus d’elle. Cette faculté est l’amour surnaturel.
La subordination consentie de toutes les facultés naturelles de l’âme à l’amour surnaturel est la foi.
C’est ce que Platon dans la République nomme justice.
Dans saint Paul, foi et justice sont constamment identifiées : « sa foi lui a été comptée comme justice, sa foi l’a justifié », etc.
Dans un autre usage du mot, la justice est l’exercice de l’amour surnaturel.
Cela revient au même, car l’amour surnaturel s’exerce, s’incarne, passe dans les actes seulement si les autres facultés de l’âme se font ses servantes, et le corps même, par leur intermédiaire, son serviteur.
Les facultés naturelles doivent avoir chacune dans sa propre nature un motif suffisant pour la contraindre à se subordonner à l’amour surnaturel, à moins de mensonge.