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L’INTELLIGENCE ET LA GRÂCE

Nous savons au moyen de l’intelligence que ce que l’intelligence n’appréhende pas est plus réel que ce qu’elle appréhende.

La foi, c’est l’expérience que l’intelligence est éclairée par l’amour.

Seulement l’intelligence doit reconnaître par les moyens qui lui sont propres, c’est-à-dire la constatation et la démonstration, la prééminence de l’amour. Elle ne doit se soumettre qu’en sachant pourquoi, et d’une manière parfaitement précise et claire. Sans cela, sa soumission est une erreur, et ce à quoi elle se soumet, malgré l’étiquette, est autre chose que l’amour surnaturel. C’est par exemple l’influence sociale.

Dans le domaine de l’intelligence, la vertu d’humilité n’est pas autre chose que le pouvoir d’attention.

La mauvaise humilité amène à croire qu’on est néant en tant que soi, en tant que tel être humain particulier.