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METAXU

Toutes les choses créées refusent d’être pour moi des fins. Telle est l’extrême miséricorde de Dieu à mon égard. Et cela même est le mal. Le mal est la forme que prend en ce monde la miséricorde de Dieu.

Ce monde est la porte fermée. C’est une barrière. Et, en même temps, c’est le passage.

Deux prisonniers, dans des cachots voisins, qui communiquent par des coups frappés contre le mur. Le mur est ce qui les sépare, mais aussi ce qui leur permet de communiquer. Ainsi nous et Dieu. Toute séparation est un lien.

En mettant tout notre désir de bien dans une chose, nous faisons de cette chose une condition de notre existence. Mais nous n’en faisons pas pour autant un bien. Nous voulons toujours autre chose qu’exister.

Les choses créées ont pour essence d’être des intermédiaires. Elles sont des intermédiaires les