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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/70

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vers Dieu ? Qui puis-je appeler à mon secours ? Ah !
C’est parce que j’ai fait le bien qu’on me fait tant de mal.
Mais si devant Dieu ce qu’on m’inflige est légitime,
au milieu de ma souffrance je reconnaîtrai mes torts.
Si ce sont eux qui ont tort, je ne leur souhaite pas
plus de douleurs qu’ils ne m’en font subir injustement.


Le roi perd patience et finit par l’entraîner de force. Il revient après avoir fait murer la caverne où il l’a poussée. Mais ce sera son tour maintenant de souffrir. Un devin qui sait prédire l’avenir lui annonce les plus grands malheurs s’il ne délivre pas Antigone ; après une longue et violente discussion, il cède. On ouvre la caverne, et on y trouve Antigone déjà morte, car elle était parvenue à s’étrangler elle-même ; on y trouve aussi son fiancé qui embrasse convulsivement le cadavre. Le jeune homme s’était laissé emmurer volontairement. Dès qu’il aperçoit son père, il se lève, et, dans un accès de fureur impuissante, il se tue sous ses yeux. La reine, quand elle apprend le suicide de son fils, se tue à son tour. On vient annoncer cette nouvelle mort au roi. Cet homme qui savait si bien parler en chef s’effondre anéanti par le chagrin. Et les citoyens de Thèbes concluent :


Les paroles hautaines des hommes orgueilleux se paient par de terribles malheurs ; c’est comme cela qu’en vieillissant ils apprennent la modération.