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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/83

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et ses effets, mais sera inébranlable jusqu’à la mort, traversant la vie dans l’apparence de l’injustice et la réalité de la justiceLe juste dans cette disposition sera fouetté, torturé, enchaîné, on lui brûlera les yeux, et au bout de tous ses maux il sera [empalé] [ crucifié] et saura que ce qu’il faut vouloir n’est pas la réalité, mais l’apparence de la justice… »


Adimante veut qu’on fasse aussi abstraction du salut et de la damnation.

« Ne nous démontre pas seulement que la justice vaut mieux que l’injustice, mais par quelle opération chacune par elle-même rend celui qui la possède soit bon soit mauvais. Et il faut en ôter les apparences. Tu dois ôter à chacune son apparence véritable et lui imprimer l’apparence contraire ; sans quoi nous dirons que tu loues non la justice, mais l’apparence de justice … Ainsi montre-nous non seulement que la justice vaut mieux que l’injustice, mais par quelle opération la justice elle-même par elle-même rend bon celui qui la possède, et cela qu’elle soit manifeste ou qu’elle soit cachée aux dieux et aux hommes. »


Supprimer l’apparence de la justice même à l’égard de Dieu. Que le juste soit même abandonné de Dieu.


Cette image de la nudité, nous la retrouvons liée à celle de la mort dans le Gorgias.

Gorgias, 523.


« Écoute un très beau récit. Tu penseras que c’est une fable, mais moi, je pense que c’est un récit. Je te dirai comme une vérité ce que je vais te dire.

[Autrefois] le jugement était exercé par des vivants sur des vivants ; chacun était jugé le jour où il devait mourir. C’est pourquoi les jugements étaient mauvais. Pluton et les gardiens des îles bienheureuses vinrent dire à Zeus que des deux côtés il venait des hommes qui ne le méritaient pas. Zeus dit alors : « Eh bien, moi, je mettrai fin à cela. À présent on prononce de mauvais jugements.