Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/103

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ténèbres sur une partie si essentielle de l’histoire.

Il y a probablement eu une destruction systématique de documents.

Platon y a échappé ; par quel bonheur ? Mais nous n’avons pas le Prométhée délivré d’Eschyle, qui devait laisser entrevoir la vraie signification de l’histoire de Prométhée, l’amour unissant Prométhée à Zeus, déjà indiqué, mais à peine, dans le Prométhée enchaîné. Et combien d’autres trésors perdus !

Les historiens nous sont parvenus avec de grands trous. Il ne reste rien des gnostiques, et peu de choses des écrits chrétiens des premiers siècles. S’il y en a eu où le privilège d’Israël n’ait pas été reconnu, ils ont été supprimés.

Pourtant l’Église n’a jamais déclaré que la tradition judéo-chrétienne soit seule à posséder des Écritures révélées, des sacrements, la connaissance surnaturelle de Dieu. Elle n’a jamais déclaré qu’il n’y a aucune affinité entre le christianisme et les traditions mystiques des pays autres qu’Israël. Pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que le