Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/21

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taines sont douteuses pour moi ; mais au cas où il serait de foi stricte de les estimer fausses, elles sont pour moi un obstacle aussi sérieux que les autres, car j’ai la conviction ferme qu’elles sont douteuses, c’est-à-dire qu’il n’est pas légitime de les nier catégoriquement.

Certaines de ces opinions (notamment celles qui concernent les Mystères, les Écritures non judéo-chrétiennes, Melchisédec, etc.) n’ont jamais été condamnées, bien qu’elles aient très probablement été soutenues dans les premiers siècles. Cela fait que je me demande si elles n’ont pas été secrètement acceptées. Quoi qu’il en soit, si aujourd’hui elles étaient publiquement exposées par moi ou par d’autres et condamnées par l’Église, je ne les abandonnerais pas, à moins qu’on ne me persuade qu’elles sont fausses.

Je pense à ces choses depuis des années avec toute l’intensité d’amour et d’attention dont je dispose. Cette intensité est misérablement faible, à cause de mon imperfection qui est très grande ; mais elle va toujours en croissant, il me semble. À mesure qu’elle croît, les liens qui m’attachent à la