Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/23

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seignement de l’Église sont aussi accompagnées dans mon esprit du même point d’interrogation.

Je considère une certaine suspension du jugement à l’égard de toutes les pensées quelles qu’elles soient, sans exception, comme constituant la vertu d’humilité dans le domaine de l’intelligence.

Voici la liste :

1o Si on prend un moment de l’histoire antérieur au Christ et suffisamment éloigné de lui — par exemple éloigné de cinq siècles — et qu’on fasse abstraction de la suite, à ce moment Israël a moins de part à Dieu et aux vérités divines que plusieurs des peuples environnants (Inde, Égypte, Grèce, Chine). Car la vérité essentielle concernant Dieu, c’est qu’Il est bon. Croire que Dieu peut ordonner aux hommes des actes atroces d’injustice et de cruauté, c’est la plus grande erreur qu’on puisse commettre à son égard.

Zeus, dans l’Iliade, n’ordonne aucune cruauté. Les Grecs croyaient que « Zeus suppliant » habite dans tout malheureux qui implore la pitié. Iahveh est le « Dieu des