Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/34

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d’une lance, offert à Odin, moi-même à moi-même. À cet arbre dont nul ne sait de quelle racine il sort.

« Nul ne m’a donné du pain, ni une corne pour y boire. J’ai regardé en bas, je me suis appliqué aux runes, en pleurant je les ai apprises, puis je suis descendu de là. » (Première Edda.)

Le terme « agneau de Dieu » a sans doute rapport à des traditions qui ont peut-être des liens avec ce qu’on nomme aujourd’hui le totémisme. L’histoire de Zeus Ammon dans Hérodote (Zeus égorgeant un bélier pour apparaître à celui qui le supplie de se laisser voir recouvert de sa toison), rapprochée de la parole de saint Jean : « L’Agneau égorgé depuis la constitution du monde », jette là-dessus une vive lumière. Le premier sacrifice qui ait plu à Dieu, celui d’Abel, rappelé dans le canon de la messe comme une figure de celui du Christ, était un sacrifice animal. Il en est de même pour le second, celui de Noé, qui a sauvé définitivement l’humanité de la colère de Dieu et a provoqué un pacte de Dieu avec les hommes. Ce sont là les effets mêmes de la Pas-