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Ennius, dans un écrit pythagoricien, dit : « On appelle la Lune Proserpine… parce que comme un serpent elle est tournée tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite. »

Tous les dieux médiateurs, assimilables au Verbe, sont des dieux lunaires, porteurs de cornes, de lyres ou d’arcs qui évoquent le croissant (Osiris, Artémis, Apollon, Hermès, Dionysos, Zagreus, l’Amour…). Prométhée fait exception, mais dans Eschyle Io lui fait pendant, condamnée au vagabondage perpétuel comme lui à la crucifixion ; et elle est cornue. (Remarquer qu’avant d’être crucifié le Christ était un vagabond — et Platon dépeint l’Amour comme un vagabond misérable.)

Si le Soleil est l’image du Père, la Lune, reflet parfait de la splendeur solaire, mais reflet qu’on peut contempler, et qui souffre la diminution et la disparition, est l’image du Fils. La lumière est alors celle de l’Esprit.

Héraclite avait une Trinité, qu’on devine seulement à travers les fragments qui nous restent de lui, mais qui apparaît clairement dans l’Hymne à Zeus de Cléanthe, d’inspiration héraclitienne. Les Personnes sont :