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Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/80

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christianisme, et que les Grecs connaissaient parfaitement bien ; à savoir la possibilité du malheur des innocents.

Aux yeux des Hébreux (du moins avant l’exil, et sauf exceptions) péché et malheur, vertu et prospérité sont inséparables, ce qui fait de Iahveh un Père terrestre et non céleste, visible et non caché. C’est donc un faux dieu. Un acte de charité pure est impossible avec cette conception.

32o On pourrait poser en postulat :

Est fausse toute conception de Dieu incompatible avec un mouvement de charité pure.

Sont vraies, à des degrés divers, toutes les autres.

L’amour et la connaissance de Dieu ne sont pas réellement séparables, car il est dit dans l’Ecclésiastique : « Praebuit sapientiam diligentibus se. »

33o L’histoire de la création et du péché originel dans la Genèse est vraie. Mais d’autres histoires de création et de péché originel dans d’autres traditions sont vraies aussi et enferment aussi des vérités incomparablement précieuses.