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Page:Weil - Lettre à un religieux, 1951.djvu/98

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vie souterraine il ne s’était pas introduit parmi les chrétiens des éléments réellement criminels.

Surtout il faut tenir compte de l’esprit apocalyptique qui les animait. L’attente de l’avènement prochain du Royaume les exaltait et les affermissait pour les actes d’héroïsme les plus extraordinaires, comme fait aujourd’hui pour les communistes l’attente prochaine de la Révolution. Il doit y avoir beaucoup de ressemblances entre ces deux psychologies.

Mais aussi, dans les deux cas, une telle attente est un très grand danger social.

Les historiens antiques sont pleins d’histoires de villes où, à la suite d’une mesure de libération d’esclaves prise par un tyran pour une raison quelconque, les maîtres ne pouvaient plus se faire obéir de ceux qui restaient.

L’esclavage était un état si violent qu’il n’était supportable que pour des âmes écrasées par l’absence totale d’espérance. Dès qu’une lueur d’espérance surgissait, la désobéissance devenait endémique.

Quel effet ne devait pas produire l’espé-