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Page:Weil - Oppression et Liberté, 1955.djvu/23

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laquelle Hitler a congédié Hugenberg comme un domestique, et cela malgré les protestations de Krupp, est significative à cet égard. Il ne faut pas non plus oublier que le fascisme met radicalement fin à ce jeu des partis né du régime bourgeois et qu’aucune dictature bourgeoise, même en temps de guerre, n’avait encore supprimé ; et qu’il a installé à la place un régime politique dont la structure est à peu près celle du régime russe tel que l’a défini Tomsky : « Un parti au pouvoir et tous les autres en prison. » Ajoutons que la subordination mécanique du parti au chef est la même dans les deux cas, et assurée, dans les deux cas, par la police. Mais la souveraineté politique n’est rien sans la souveraineté économique ; aussi le fascisme tend-il à se rapprocher du régime russe aussi sur le terrain économique, par la concentration de tous les pouvoirs, aussi bien économiques que politiques, entre les mains du chef de l’État. Mais sur ce terrain, le fascisme se heurte à la propriété capitaliste qu’il ne veut pas détruire. Il y a là une contradiction dont on voit mal à quoi elle peut mener. Mais, de même que le mécanisme de l’État russe ne peut être expliqué par de simples « déformations », de même cette contradiction essentielle du mouvement fasciste ne peut être expliquée par la simple démagogie. Ce qui est sûr, c’est que, si le fascisme italien n’a obtenu la concentration des pouvoirs politiques qu’après de longues années qui ont épuisé son élan, le national-socialisme au contraire, parvenu au même résultat en moins de six mois, renferme encore une immense énergie et tend à aller beaucoup plus loin. Comme le montre notamment un rapport d’une grande société anonyme allemande, que l’Humanité a cité sans en apercevoir la signification, la bourgeoisie s’inquiète devant la menace de l’emprise étatique. Et effectivement Hitler a créé des organismes ayant un pouvoir