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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/188

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comme ce jeu exige des ressources illimitées, en armes et autrement, la période de travail forcé imposé au peuple aurait bientôt la longueur d’une vie entière. Daniel-Rops, cédant sans s’en rendre compte au prestige du marxisme, qui fait partie pourtant de ce scientisme qu’il combat, croit que les guerres proviennent des difficultés économiques ; mais ce sont les difficultés économiques qui proviennent avant tout de la volonté de puissance dont la guerre est un aspect. Ces problèmes demandent à être examinés de près, car si les espérances de Daniel-Rops sont effectivement illusoires, ces illusions, au moment où nous sommes, sont très dangereuses.

André Thérive a écrit quelques pages amusantes concernant les différentes formes du roman scientifique, de Cyrano de Bergerac jusqu’à Huxley. Pierre Devaux fait un tableau des inventions passées et à venir, fort intéressant en ce qui concerne le passé. Raymond Charmet, au sujet de ce qu’il nomme « le mythe moderne de la science », fait un certain nombre de citations dont plusieurs sont des perles de sottise pure ; ainsi celle-ci, de J. Perrin, dans la préface des Atomes : « Le Destin vaincu semble permettre enfin un Espoir sans limites. »

L’essai le plus intéressant du volume est naturellement celui de Louis de Broglie. Il est limité, clair, parfaitement précis, et chaque mot instruit. D’une manière générale, la comparaison entre les savants contemporains, autant que leurs écrits destinés au public permettent de les apprécier, et des esprits tels que Lavoisier, Lagrange, Ampère, sans parler de Galilée ou Archimède, est profondément attristante ; mais un savant comme Louis de Broglie apporte quelque réconfort.

Pourtant ce qu’il dit de la philosophie témoigne