Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/85

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Ions qui se logent dans leur fourrure. Il descendait, la nuit, le versant de la montagne, vers les terres cultivées, et regardait avec une grande curiosité les villageois dans leurs huttes; mais il se méfiait des hommes, parce que Bagheera lui avait montré une boîte carrée, avec une trappe, si habilement dissimulée dans la jungle, qu'il marcha presque, dessus, et elle lui avait dit que c'était un piège. Ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était de s'enfoncer avec Bagheera au chaud coeur, noir de la forêt, pour dormir tout le long de la lourde journée, voir, quand venait la nuit, comment Bagheera s'y prenait pour tuer elle tuait de droite, de gauche, au caprice de, sa faim, et ainsi faisait Mowgli. lVl'ais Mowgli doit se défier de Shere Khan, qui le hait, et dit Conseil des loups, qui verra toujours en lui un homme. Alors, sur l'avis de Bagheera, il va dérober au village un pot de braise contenant dit feu, la Fleur rouge, qui effraie les bêtes. Il l'apporte au Rocher du Conseil, oû les loups, réunis pour élîre un successeur au chef du clan, le vieil Akela, et excités par Shere Khan, commencent à grogner et à s'agiter. «  C'est un homme! un homme, un homme 1 grogna l'as- semblée. Et la plupart des loups commencèrent à se grouper autour de Shere Khan, dont la queue se mit à battre les flancs. «  A présent l'affaire est dans tes mains, dit Bagheera à Mow- gli. Nous autres, nous ne pouvons plus rien faire que nous battre. » Mowgli se leva, le pot de braise dans les mains. Puis il s'étira et bâilla au nez du conseil; mais il était plein de rage et de chagrin, car en loups qu'ils étaient, ils ne lui avaientjamais dit combien ils le haïssaient. «  Écoutez 1 il n'y a pas besoin de criailler comme des chiens. Vous m'avez dit trop souvent, cette nuit, que je suis un homme (et cependant, je serais resté un loup, avec vous, jus- qu'à la fin de ma vie) je sens la vérité de vos paroles. Aussi je ne vous appelleplus mes frères, mais sag (chiens), comme vous appellerait un homme. Ce que vous ferez et que vous ne ferez pas, ce n'est pas à vous de le dire, c'est moi que cela regarde et afin que nous puissions tirer la chose au clair, moi, l'homme, j'ai apporté ici un peu de la fleur rouge que vous, chiens, vous craignez. » Il jeta le pot sur le sol, et quelques charbons rouges allu- mèrent une touffe de mousse sèche qui flamba, tandis que tout le conseil reculait, de terreur, devant les sauts de la flamme. Mowgli enfonça sa branche morte dans le feu jusqu'à ce qu'il vit les brindilles s'allumer et. crépiter, puis il la fit tournoyèr au- dessus de sa tête au milieu des loups qui rampaient de terreur.