Page:Weil et Chénin, Contes et récits du XIXe siècle - 1913.djvu/98

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rester enfermé dans le grenier d'en haut. Vous pourrez y réflé- chir jusqu'à ce soir sur votre situation nouvelle. Mais, mon ami, hasarda ma mère toute pâle, Julien m'a promis de travailler à l'avenir; pardonne-lui cette fois encore. Donnez-moi la clef du grenier, et ne gâtez pas tant ce mau- vais sujet. Aie pitié de notre unique enfant, Auguste, supplia ma pauvre mère les mains jointes tu sais qu'il est très nerveux il peut avoir peur, tout seul. Je vous répète de me donner la clef du grenier 1» La clef lui ayant été livrée, il se tourna de nouveau vers moi «  Suivez-moi, monsieur » me dit-il. FERDINAND FABRE, Julien Savignac (Fasquelle, édit.) . Mon ami Gesril Au SECOND ÉTAGE DE L'HÔTELque nous habitions, demeurait un gentilhomme'nommé Gesril il avait un fils et deux filles. Ce fils était élevé autrement que moi; enfant gâté, ce qu'il faisait était trouvé charmant il ne se plaisait qu'à se battre, et surtout qu'à exciter des querelles dont il s'établissait le juge. Jouant des tours perfides aux bonnes qui menaient promener les enfants, il n'était bruit que de ses espiègleries, que l'on transformait en crimes noirs. Le père riait de tout, et Joson n'était que plus chéri. Gesril devint mon intime ami et prit sur moi un ascen- dant incroyable je profitai sous un tel maître, quoique mon caractère fut entièrement l'opposé du sien. J'aimais les jeux solitaires, je ne cherchais querelle à personne Gesril était fou de plaisirs, de cohue, et jubilait au milieu des bagarres d'en- fants. Quand quelque polisson me parlait, Gesril me disait: « Tu le souffres ?» A ce mot, je croyais mon honneur compromis et je sautais aux yeux du téméraire la taillé et l'âge n'y faisaient rien. Spectateur du combat, mon ami applaudissait à mon cou- rage, mais ne faisait rien pour me servir. Quelquefois il levait une armée de tous les sautereaux (1) qu'il rencontrait, divisait ses conscrits en deux bandes, et nous escarmouchions (2) sur la plage à coups de pierres. l. Sautereaux mot familier qui désignait autrefois les enfants des ruos. « Dimi- nutif de sauteur. En ce sens il n'est d'usage qu'on parlant des petits garçons qui roulent d'une montagne en bas en faisant des culbutes. (Dictionnairede l'Académie, 1792.) 2. Nous Ucarmouchions nous faisions des escarmouches, c'est-à-dira de petits combats,