Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/112

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sied guère avant l’âge de onze à douze ans. Au contraire, dans ce que conte Perrault non seulement tout est à sa taille et selon ses attitudes préférées, mais encore tout est de sa compagnie particulière. L’enfant retrouve là tout ce qui a été l’objet de ses premières surprises, tout ce qui a provoqué en lui les premiers mouvements perceptibles de l’âme et les premiers pétillements de l’imagination : le chat, son bon camarade, dont la gentillesse fait son amusement et son admiration ; l’énorme citrouille du jardin, qu’il n’a pu enserrer de ses petits bras et qui est bien assez grosse pour cacher un carrosse au dedans d’elle ; les lézards, après lesquels il a couru en vain, ébloui par leur livrée étincelante et chamarrée ; la souricière où, dès le lever, encore en chemise et pieds nus, il se dépêche d’aller voir s’il ne s’est pas englué pendant la nuit une jolie petite souris grise ; l’escabeau, sous lequel il se glisse pour écouter en cachette papa et maman, ce qui est très vilain, mais quelquefois profitable ; le trou de la serrure par lequel il plongeait hier, hissé sur une chaise, un œil avide dans la chambre réservée ; et que de splendeurs, égales à la parure de Peau d’Âne, il y a contemplées ; enfin tout là-haut, le grenier, l’une de ses fascinations, qu’il a découvert et exploré seul, par une belle après-dînée, aussi ravi de lui-même que s’il s’était ouvert des chemins vers