Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/198

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l’iguanodon à lui seul vaut le voyage du Brabant. Voilà un personnage qui peut se vanter qu’il n’éclaircira pas la querelle engagée entre ceux qui croient une création et ceux qui enseignent l’évolution. J’admets pour un moment comme une certitude que le reptile est devenu l’oiseau, et que, selon la formule absolue popularisée par M. Edmond About, « l’homme n’a été d’abord qu’un sous-officier dans la grande armée des singes ». Vers quoi et vers qui pouvait bien évoluer l’iguanodon ? Il a le corps, la croupe et la queue d’un immense lézard et d’un crocodile. À vue d’œil, sa tête est celle d’un cheval. Ses quatre membres sont proportionnés entre eux comme ceux du kangourou ; les deux de devant plus courts, les deux de derrière plus longs. Ce qui termine les deux membres de derrière, c’est positivement deux pieds ; ce qui est pendu aux appendices du devant, c’est sans aucun doute deux mains. L’iguanodon est par conséquent bimane. Dans l’ordre zoologique actuel, il n’y a que l’homme qui soit tout ensemble bipède et bimane. L’iguanodon était, comme l’homme, l’un et l’autre. Est-ce que, par hasard, c’est dans la grande armée des iguanodons que l’homme aurait porté ses galons de sous-officier ? D’une façon bien caractérisée, l’iguanodon possède le pouce. Des gens qui font abstraction de la vieille distinction du corps et de l’esprit ont