Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/20

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pas s’attendre à ce que, sur dix pièces, il y ait toujours dix chefs-d’œuvre. On ne peut pas compter que, sur quarante ou cinquante auteurs dramatiques qui sont en possession d’alimenter nos seize théâtres de tragédie, drame, comédie, vaudeville et opérette, il y en aura tout autant qui égaleront chacun en son genre, Ponsard, Scribe, Émile Augier, Dumas père, Dumas fils, Halévy-Meilhac, Labiche et compagnie, Gondinet. Il est cependant des fautes contre les éléments qui sentent si fort son novice qu’on s’étonne qu’un auteur un peu exercé ou un peu instruit des antécédents et des règles du théâtre y tombe comme par un fait exprès. Ceux qui pèchent de la façon la plus grave en ce sens, ce n’est pas, en effet, les novices ; c’est des écrivains dont la situation littéraire réelle et la situation littéraire officielle supposent qu’ils sont à l’abri d’erreurs si lourdes.

Deux ou trois illusions capitales dominent évidemment les auteurs du jour. Ils se figurent tous que brouiller dans une même pièce trois et quatre sujets différents, c’est déployer le génie de l’invention. Ils se flattent tous que multiplier, en dehors et à côté du drame, les gros incidents dramatiques, c’est montrer de la puissance et de la richesse. Ils sont tous enfin profondément convaincus que, quand ils ont exposé devant le spectateur les termes divers de leur