Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/213

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n’avaient pu trouver de place du tout ; Dumas les recueillit dans la loge de sa sœur. Le public trouva tout de suite Firmin exquis ; Firmin était alors âgé de trente ans. Dans la scène du page qui ouvre le troisième acte, mademoiselle Mars se déploya comme jamais, mais il y eut quelqu’un qui, à côté d’elle, joua aussi bien qu’elle, à ce qu’il paraît, cette scène charmante ; c’est la jeune comédienne qui faisait le page et qui se nommait Louise Despréaux. Ma génération a connu plus tard mademoiselle Despréaux sous le nom de madame Allan ; elle n’a jamais rien vu au théâtre d’aussi parfait. Au premier acte, le public se montra un peu réservé : cependant le mot du duc de Guise, qui termine et coupe le premier acte : « Saint-Paul, qu’on me cherche les mêmes hommes qui ont assassiné Dugast », ce mot, dit par Joanni, fit courir un frémissement. On s’échauffa et on s’amusa beaucoup au second acte. Au troisième, la scène entre le duc et la duchesse, enleva la salle. « Il y eut, dit Séchan, des cris de terreur et des tonnerres d’applaudissements » ; à partir de ce moment jusqu’au mot final de Guise : « Maintenant que nous avons fini avec le valet, occupons-nous du maître », ce fut du délire. Une légende qui courait la ville le lendemain veut que le délire ait continué et atteint son paroxysme après la chute du rideau et l’évacuation de la salle,