Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/225

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tères au temps de Napoléon III et des présidences de Thiers et de Mac-Mahon. On ne saurait dire qu’ils forment entre eux un groupe ; ils sont trop distincts l’un de l’autre ; mais ils sont encore plus à part de leur époque. Ils ont ceci de commun qu’aucun des trois n’a donné, ni peu ni prou, dans le système de dureté morale et de brutalité de style, dans le mépris sans pitié et sans douleur de la nature humaine, dans l’abus de l’adjectif, dans l’excès du genre descriptif et du procédé énumératif qui composent les traits saillants et généraux de notre littérature entre 1852 et 1880. Aucun d’eux n’a précisément à se plaindre de sa destinée littéraire. Ils ont tous trois acquis la fortune et le renom ; deux d’entre eux, la popularité. Je ne sais pourtant si on les met toujours à leur rang, si l’on sent à quel point ils possèdent tous trois, non seulement l’imagination, l’esprit, l’invention, le style, mais encore les bonnes règles de l’art de composer et d’écrire ; si l’on reconnaît combien leur activité littéraire a été bienfaisante ; si l’on mesure tout le prix et toute la nouveauté d’œuvres telles que Madame Thérèse, les Confidences d’un joueur de clarinette, l’Histoire d’un conscrit ; si l’espèce de fantastique limpide, riant et raisonnable, le fabuleux naturel dont Jules Verne a empreint Cinq semaines en ballon, le Voyage dans la lune, les Enfants du