Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/306

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personuelle l’a amené à concevoir sous forme de ballet des œuvres qui, au juger, semblaient aussi peu appeler le ballet que M. de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme et le Malade imaginaire. Mais, même en admettant qu’il ait imaginé seulement sur commande d’encadrer ses comédies de divertissements mêlés de chants et de danses, il n’en reste pas moins acquis que, en des genres qui ne sont pas la comédie, il a fait office de pionnier, d’initiateur et de maître. Molière fait l’effet d’un vaste réservoir, d’une immense nappe d’eau, d’où s’échappent en tous sens les flots de l’inspiration théâtrale française ; comme de la région des lacs de l’Afrique centrale se détachent les beaux et grands fleuves qui s’écoulent vers le nord, vers l’ouest et le sud-est.

Vous rappelez-vous la farandole des cuisiniers au Châtelet, il y a vingt années, dans Cendrillon ? Elle était charmante à l’œil, mais pas plus ni autrement que l’entrée des marmitons dans le Bourgeois gentilhomme. Je cite, entre autres, cette rencontre. Mais je ne veux pas insister sur les détails. J’arrive tout de suite au gros morceau que M. Perrin a restitué en toutes ses parties et sous son aspect véritable. C’est la cérémonie. Notre temps n’a pas risqué d’opérette plus folle et plus effrontée ; mais quelle opérette grandiose ! Je disais tout à l’heure qu’il était possible que