Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/314

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directeur des théâtres de Paris. » Celui-là, là-bas, est un gentleman que vous avez quelquefois rencontré dans le meilleur monde. Personne n’est parfait ; il a le faible de composer des pièces en vers ; on ne les lui reçoit jamais qu’à correction ; cela ne le corrige pas, et il entreprend une direction d’été, afin qu’il y ait au moins un directeur dans Paris qui rende justice à son dernier chef-d’œuvre et le joue. Avec mademoiselle Tata, ce n’est pas du tout la même chose et c’est la même chose exactement. Vous rappelez-vous mademoiselle Tata ? Elle aurait maintenant toutes les raisons de se croire « arrivée ». Du temps qu’elle se montrait de loin en loin sur la scène des Folies-Dramatiques, les auteurs n’osaient lui confier à dire un seul couplet. Elle en trouva un jour un qui se laissa attendrir et la chargea d’un bout de rôle ; elle eut à débiter trois mots : « Es-tu content, Zozor ? » et rien de plus. Cela fit un effet foudroyant sur le gros Blumschein, le coulissier favori des deux faubourgs, qui s’épanouissait, ce soir-là, dans l’avant-scène de droite. Il envoya un bouquet ; on soupa chez Sylvain, gaiement, à l’entresol, dans la salle commune en gens pas fiers. Depuis cette soirée, c’est Blumschein qui est Zozor. Il habille Tata chez ce qu’il y a de mieux : les casaquins par Rouff, les jupes par Menet-Anfonso ou Chalumeau. Il lui a bâti un hôtel rue Jouffroy,