Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/333

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disait de Molière : « M. Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde aient suscités à l’Église. » Sainte-Beuve, après avoir cité le mot dans son Port-Royal, ajoute : « L’honnête Baillet a raison. » C’est aussi une observation de Sainte-Beuve, qu’il est bon de rappeler ici : « que le XVIIe siècle, considéré dans une certaine perspective, laisse voir l’incrédulité dans une tradition directe et ininterrompue ; que le règne de Louis XIV en est comme miné… » Je ne doute donc pas qu’il n’y ait eu, même en 1670, des spectateurs d’un regard assez aigu pour interpréter et saisir dans sa direction impie la cérémonie du Bourgeois gentilhomme. Ce dont je suis encore plus persuadé, c’est que Molière, mourant prématurément en 1673, est mort à temps pour lui, pour le plein contentement de son génie. Louis XIV était son bouclier ; la témérité du poète croissant, le bouclier eût fait défaut. En 1674, le roi de Lavallière et de Montespan est fini ; le roi de Françoise d’Aubigné commence à se déclarer. Molière n’aurait plus eu toute licence.


La bibliographie théâtrale s’est enrichie d’un volume intéressant et fort agréable, édité par la maison Tresse ; il a pour titre le Théâtre de la cour à Compiègne, pendant le règne de Napoléon III, par Alphonse Leveaux. Pas de préface, ce qui est re-