Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/348

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de dégager de son théâtre les tendances sociales et philosophiques qu’il exprime, c’est d’envisager ses drames dans leur relation avec l’époque et la nature de génie qui les a produits[1].

L’ivresse des siècles animait Hugo ; il a aimé à les ressusciter et à les chanter. Avec l’ivresse des siècles, il a eu le culte profond des foules dont sa longue idolâtrie pour Napoléon, qu’il concevait comme une incarnation triomphale du peuple, comme le magicien évocateur du temps nouveau de la France et de l’Europe, a été l’une des formes. Le retentissement en l’âme de Victor Hugo des foules et de leurs passions, qui ne sera jamais au même degré, je le crains, un retentissement du talent de Victor Hugo au sein des foules, la religion napoléonienne, la faculté de voir l’histoire et de la rendre, voilà les trois phénomènes psychiques qui forment la base de son théâtre où l’histoire revit et se meut, où circulent les effluves les plus ardents de la démocratie et de la démagogie, où tout chante un

  1. Entre les éditions diverses du Théâtre de Victor Hugo, on peut recommander pour les bibliothèques, l’édition Hachette, en quatre volumes, petit in-8o. Elle contient le théâtre complet, y compris Cromwell et la Esméralda, avec les préfaces et les notes de l’auteur. Un supplément, qui termine le quatrième volume, contient le nom des artistes de la création pour chaque pièce.