Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/357

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Et quand dans leurs foyers il ramenait ses braves,
Aux fêtes qu’il donnait à ses vainqueurs esclaves
Aux fêtIl invitait les rois vaincus.


De là à dire comme Béranger :

AuxVous rampiez tous, ô rois qu’on déifie,


la distance n’était pas grande. Je n’entends pas ici par napoléonisme l’opinion politique bonapartiste. Le poète, qui retentit sous le nom de Napoléon, n’est pas nécessairement un homme de parti qui songe à proclamer empereur Napoléon III ou Napoléon V ; il peut sans contradiction être pair de France de Louis-Philippe. En dehors de la politique bonapartiste militante, le napoléonisme est un état de l’imagination, un état d’esprit national et un état moral. C’est un phénomène psychologique et historique qui s’est présenté dans les générations de 1820, de 1830, de 1848 et même de 1870 sous deux faces principales. Le napoléonisme a bouleversé et perverti l’âme individuelle. Il a ébloui l’âme nationale. L’ambition française nationale ou individuelle n’est plus, depuis la grandeur, la chute et la mort de Napoléon 1er, de la même nature qu’elle a été sous la dynastie de Bourbon avant 89.

Si Napoléon n’avait pas été dominé par sa folie orientale, par le Drang nach Osten, s’il avait gardé le peu de sagesse qu’il fallait pour laisser là l’Orient