Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/366

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n’a point vu un autre exemple d’une telle apothéose funéraire.

Nous ne nous en plaignons pas. Il ne nous conviendrait pas, dans le pays et dans le temps où nous vivons, de réclamer contre tant d’honneurs accumulés sur un homme qui n’a été ni chef d’État, ni ministre, ni grand-croix, ni directeur général des contributions, rien qu’un homme et un poète, un poète vibrant sous le souffle de son siècle, un homme libre qui, ferme et fier en la conscience de son droit, brava presque seul un empereur acclamé sur la ruine des libertés publiques par huit millions de voix. Cette exaltation d’un simple citoyen comme tel nous emporte bien loin du décret de messidor, fonds chinois de la France en république comme en monarchie ; un jour entre des milliers de jours luit enfin où la nation française et ceux qui la gouvernent n’auront pas réglé leurs sentiments sur les méthodes du Céleste-Empire. Nous réclamerions cependant si en Victor Hugo on ne voyait aujourd’hui que Victor Hugo, si la pensée publique n’associait point aux honneurs extraordinaires qui lui sont déférés tout le chœur des beaux génies de son époque, dont il a eu la fortune d’être le dernier survivant.

Il y a un excès d’admiration et de piété envers Hugo, duquel on est obligé de se tenir pieusement à l’écart par respect pour tout ce que la France et