Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/382

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Malheureusement, M. Paul Delair a été obligé d’écrire vite ; et comme le temps, quoi qu’en dise Alceste, fait quelque chose à l’affaire, M. Paul Delair n’a pas eu le loisir de s’interdire la ressource du remplissage, et il n’a pas évité toujours le galimatias.

Tout en feuilletant son Apothéose, je prends le Gil Blas à ma droite, j’y lis cet apophtegme qui n’est pas d’hier. « Victor Hugo est le seul homme de ce temps qui ait quelque chose à dire. » Le seuil ! Et qui s’est exprimé ainsi ? Théodore de Banville, si spirituel et si savant, si ingénieux et si imaginatif, qui sème, quand il veut, les perles ! Je prends le Figaro à ma gauche, et j’y lis que M. Jules Simon, parlant de M. Victor Duruy, se serait écrié : Ah ! si Louis XIV avait possédé cet homme-là… Je ne me dissimule pas, en effet, combien le xviie siècle, comparé à nos trente dernières années, est inférieur en talents, en génies et en tempéraments. Je plains de tout mon cœur Louis XIV de n’avoir pas eu M. Duruy pour ministre de l’esprit et, si l’on y tient, je plaindrai également ce monarque dénué de n’avoir pas eu M. Perraud pour archevêque de Cambrai. Mais quand une fois j’aurai fait ces concessions au ton apologétique de mon temps — et je les fais, vous le voyez, sans barguigner — je ne sais plus comment je pourrai taquiner M. Paul Delair et le panégyrique d’Hugo ?