Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/70

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C’est du décret du 6 janvier 1864 que date la fermeture annuelle d’une partie de nos salles parisiennes. Ce décret, qui a établi la liberté des théâtres et des genres, a affranchi les directeurs d’un certain nombre d’obligations légales en même temps qu’il les dépouillait de leur privilège. N’étant plus tenus par leur cahier des charges, les directeurs se sont avisés qu’il serait bien naïf à eux de jouer, pendant la canicule, devant des salles vides. Ils ont conçu tout de suite le plan de jeter, chaque année, sur le pavé, à l’époque des grandes chaleurs, artistes, figurants, ouvreuses, musiciens de l’orchestre, ouvriers machinistes, contrôleurs et buralistes. C’était la gêne et peut-être la misère pour beaucoup de braves gens. Fort heureusement, l’idée est venue, bientôt après, aux directeurs que, si on ne fait plus d’argent à Paris, pendant les mois d’été, avec de bons artistes et des troupes bien dressées, on peut en faire à Londres, à Bâle, à Poperinghe et à Carpentras. Ils ont donc pris l’habitude de former leurs troupes en camp volant vers le temps de l’année où le soleil quitte le signe des Gémeaux pour entrer dans celui de l’Écrevisse. Chacun d’eux s’attribue un des quatre points cardinaux. Telle troupe va se fixer en Angleterre pour six semaines ; telle autre se dirige à petites journées sur Perpignan en passant par Pontarlier, et telle autre sur Marseille en passant par