Page:Weiss - Biographie universelle ou dictionnaire historique, tome 2.djvu/36

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ÇHA ~ (32) . CHA * de paix qu'il traça avec autantde loyauté que de désintéressement, Charles XII , ímpatientde re- pousser les attaques du roi de Pologne et du tzar de Russie, prêts à fondre sur la Suède à la tête d'armées considérables , s'empressa de faire passer 20,000 hommes en Livonie , où Auguste assiégeait Riga, et il alla lui-même à la rencontre des Russes sous les murs de Narwa. Après avoir remporté sur le tzar la mémorable victoire où 50,000 Russes furent tués , pris ou dispersés (50 novemb. 1700), Charles, qui n'avait pas revu sa capitale (et ne devait la revoir jamais), marcha contre le roi de Pologne, dont les troupes, abandonnant le siége de Riga, s'étaient répandues en' Courlande : il les atteignit bientôt, et les déf‍it complétement. Si Charles XII, alors a peine âgé de 19 ans, eût pu s'arrêter à l'entrée de la carrière glissante où Pen- trainait Ia victoire, s'il eut écouté les avis d'un prudent ministre (le comte Benoit Oxenstiern), il* devenait l'arbitre*du Nord, et peut-être de l'Eu- rope entière; mais, ébloui par les triomphes , il se conf‍ia à Ia fortune, qui, f‍idèle à ses armes pen- dant 10 années , le trahit à Pultava (27 juill. 1709). Perdant à ce premier revers une armée aguerrie et d*hahiIes généraux, grièvem. blessé lui-méme, il n'échappa aux poursuites des Russes qu'en se réfugiant à Bender, sur le territoire de la Porte- Othomane, qui Paccueillit d'abord avec la distinc- tion due à sa renommée et à son infortune. Charles, après sa défaite, conserva son courage et`sa*f‍ierté ; mais les ennemis ,de la Suède, mettant à prof‍it la situation critique de ce royaume, lui enlevèrent ses conquêtes; et la régence de Stockholm, puis- samment secondée par le dévouement de la nation et par les talents et la bravoure du général Sten- bock (v. ce nom), parvint à peine à garantir l'an- cien territoire de l'invasion della Russie , dont les intrigues atteignirent le roi captif à Bender. Nous ne parlerons pas ici du bizarre combat que soutint Charles contre les Turks; c'est dans Phistoire qu°1l faut en lire les détails, qui , de même que la longue querelle de ce prince avec Auguste Il , roi de~Po- logne, qu'il renversa de son trône poury placer Stanislas Leczinski , ne pourraient être tracés que d'une manière incomplète dans ce Dictionnaire. Charles XII ne prit la résolution de revenir dans ses états que lorsqu'iI eut vu échouer toutes ses tentatives pour intéresser la Porte au sort de la Suède. Après avoir traversé, à la faveur d'un dé- guisem., et accompagné d'un de ses ofticiers éga- lement travesti, les états de l'Allemagne et plu- sieurs provinces de l'empire, il arriva le 11 nóv. -17111 aux portes de Stralsund, où, peu de temps .après, une armée combinée de Danois, de Saxons, de Prussiens et de Russes vint mettre le siége. Cette ville ayantété contrainte de céder au nombre (15 décemb. 1715), Charles, qui, pendant le siège avait fait des prodiges de valeur, sejeta dans une barque, arriva en Suède, et Iixa son séjour à Lund, en Scanie, où il travailla à relever la fortune deson royaume, en combinant de vastes projets avec le -baron de Goertz (v. ce nom); leur exécution allait 3 peut-être changer la face de l'Europe; mais il fut frappé, le 50 novembre 1718, d'unc balle de fau- conneau partie du côté des Suédois, tandis qu'il pressait les travaux du siège de la forteresse de Frédérischall. Telle fut la fin de cc prince, qui, corrigé par les revers, n'eut pas le temps de ré- parer les fautes où Pavaient entrainé son ardeur bouillante et surtout une confiance aveugle dans la fortune. Il fut cher au peuple, malgré les maux qu'il lui attira : c'est dire qu'il aimait la justice ; mais il y avait dans sa constitution physique une surabondance d'énergie qui lui tit outrer les qua- lités brillantes dont la nature l'avait doué. On a publié dans presque toutes les langues des écrits historiques sur la vie ou les voyages de ce héros; mais lc plus intéressant des ouvrages qui le con- cernent est celui-qu'a écrit Voltaire. Son Híst. de Charles XII est un modèle de clarté , de précision et d'élégance: cependant il est à regretter que plusieurs détails curieux insérés dans les Illém. publ. depuis en Suède, ne lui aient pas été connus avant la composit. de son ouvr.; ce sav. historien y eût redressé des inexactitudes géograph. , aiusi que des erreurs de dates et de noms. CHARLES XIII, roi de Sμède, né Ie 17 octobre 1758, 2° f‍ils d'Adolphe-Frédéric, et neveu par sa mère de Frédéric-le-Grand , s'appliqua de bonne heure à l'étude théorique et pratique dela marine, et justitia, par l'habiIeté qu'il déploya dans l'expé- dition de 1788 contre la Russie , le titre de grand- amiral que lui avaient décerné les états lorsqu'iI n”était encore que prince de Sudermaníe. Nommé régent après la mort malheureuse de Gustave III, son frère, il ne poursuivit point les projets de ce prince, qui, au moment où il fut assassiné, se disposait à marcher contre la France (1792 ); Pad- ministrat. intérieure occupa tous ses soins_, et il tit f‍leurir dans le royaume l'industrie, le commerce et les arts. A la majorité de Gustave IV, le duc de Sudermanie se retira dans ses chateaux, d'où il fut bientôt rappelé par la révolut. qui renvcrsa le nouveau roizil fut alors noinmé administrat.-gén. de la Suède, et peu de temps après proclamé roi et sacré à Stockholm (29 juin 1809). La paix avec -la France, la Russie et lc Danemarck suivit son avéneu1.; et peu de temps après, de concert avec les états, il nomma pour son success. au trône le prince de Holstein-Augustenberg. A la mort de ce prince royal, survenue l'année suiv., un nouveau choix le remplaça par le gén. français Bernadotte. Charles XIII mourut le 5 février 1818. La,Suède conservera long-temps cn vénèration la mémoire de ce prince sage et ami de l'humanité, dont on ne peut mieux faire Péloge qu'en rapportant les paroles qu'il adressa en 1815 au prince royal Oscar: ii. N'oublie jamais, mon f‍ils, lui dit-il, que le bonheur des peuples est le soutien le plus assuré des rois! Respecte la dignité des hommes dans quelque rang que tu les trouves, etc. i› _ CHARLES-PHILIPPE, duc de Sudermanie, etc., né en 1601 à Revel en Estonie , f‍ils du roi de Suede Charles IX, et frère de Gustave-Adolphe, fut ap-