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devait s’y attendre, il fut rappelé à.Paris, où ses collègues lui reprochèrent son modérantisme. Pour se tirer d’embarras, il se mit à déclamer contre les nobles, et se fit le défens. du fameux Jourdan Coupe-Tête. Par ce moyen il recouvra son crédit, et fut même élu secrét., puis présid. de la convent. Cependant le danger croissait, et plus d’une fois il vit éclater contre lui, en signes non équivoques, la colère de Robespierre et de ses partisans. Dès-lors se groupèrent autour de lui ceux qui partageaient ses craintes, et c’est ainsi que se prépara la chute de Robespierre. Le 9 thermidor, au commencement de la séance, Saint-Just ayant pris la parole, Tallien l’interrompit brusquement, et, accusant Robespierre, déroula tous ses projets aux yeux de l’assemblée, qui répondit à cette vive attaque par les cris A bas le tyran! Billaud-Varennes se lève et retrace les crimes du despote. Tallien reprend la parole, pour déclarer qu’il s’est armé d’un poignard, et qu’il en percera le nouv. Cromwell, si la convention ne le décrète d’accusation. Il fait briller son poignard, et l’assemblée se lève pour témoigner son adhésion. Tallien fait décréter la permanence de la convention dont la séance se prolonge toute la nuit, et le lendemain jusqu’à quatre heures du soir. Suspendue jusqu’à sept, elle est reprise alors, et Tallien, qu’accueillent de vifs applaudissements vient annoncer à la convention que ses ennemis ont péri sur l’échafaud ainsi fut accomplie cette gr. révolution du 9 thermidor, qui tira la France d’un abîme. Tal’.ien élu membre du comité de salut public, continua sa lutte contre les jacobins, et contre les royalistes qui cherchaient à s’élever sur leurs ruines. On le vit successivem. provoquerla j uste punition de Carrier, de FouquierTainville, de Joseph Lebon, voter le rapport d’un décret qui déclarait la ville de Bordeaux en état de rébellion, combattre le désastreux principe du maximum légal imposé au prix des subsistances, plaider pour la mise en liberté de Mme de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI-, proposer la suppression des comités révolutionnaires, et réclamer l’inviolabilité des lettrés. C’est ainsi qu’il cherchait à faire oublier tes égarements de sa vie passée. Biais les journaux, libres alors et presque tous rédigés dans le sens royaliste, ne lui tenaient aucun compte des services réels qu’il ne cessait de rendre. Cependant la nouv. victoire que la convent. remporta sur les restes de la montagne dans la journée de prairial, victoire laquelle il avait pris une part très active, lui rendit un peu de faveur. Envoyé en qualité de commiss. à l’armée de Hoche, il fut témoin de l’affaire de Quiberon, et, pour n’être point forcé d’ordonner l’exécution des lois contre les émigrés se hâta de revenir à Paris, où il recommença de déclamer contre les royalistes. Au 15 vendémjaire il fut un de ceux qui les combattirent avec le plus d’acharnement; et, après leur défaite, il proposa l’établissement d’une commission de cinq membres, chargée de présenter des mesures de salut public. Il en fit lui-même partie, et, prévoyant que les élections nouv. lui feraient perdre son influence, il parut disposé à s’appuyer sur des mesures arbitraires. Élu par le sort au conseil des cinq-cents, il y fut accusé d’avoir des relat. avec les Bourbons, et quoique sa conduite démentît cette accusat., il fut obligé d’en prouver la fausseté. Lorsque le i8 fructidor eut rendu le pouvoir à son parti, il usa de la victoire avec modérat., défendit plus. de ses collègues atteints par la loi de déportat., et rendit même service à des personnes qui ne partageaient pas ses opinions. Il sortit du conseil le 1er prairial an VI ( 20 mai 1798) et suivit Bonaparte en Egypte comme membre de la commission des arts. 11 y devint administrateur des domaines nationaux, membre de l’institut, et concourut à la rédaction de la Décade qui s’imprimait au Kaire. Menou, resté général en chef, le renvoya en France. Dans la traversée, il fut pris par les Anglais et conduit à Londres, où les fêtes les plus brillantes lui furent données par l’opposit.; qui ne vit en lui que l’homme du 9 thermidor. Ce fut encore le souvenir de cette journée qui le protégea contre l’aversion de Bonaparte, jadis son protégé, et lui valut la place de consul à Alicante, avec l’autorisation de résider à Paris. Cette faveur a donné lieu d’insinuer qu’il rendait des services secrets à la police; mais cette imputation est loin d’avoir été prouvée. En 1815 il signa l’acte additionnel; cepend. à la seconde restauration il ne fut point exilé; mais il perdit son traitement. Il mourut à Paris en 1820, accablé d’infirmités et dans un état complet d’isolement. Son mariage avec Mme de Fontenay avait été annulé peu de temps après son retour d’Égypte.

TALMA (François-Joseph) le plus grand tragédien de notre temps, né à Paris le 18 janvier 1765, passa ses prem. années en Angleterre, où son père exerçait la profession de dentiste, et fut renvoyé en France à 9 ans pour y commencer ses études. Dès cette époque, il décela ses dispositions pour la scène. Cette vocation se développa rapidement lorsque, de retour à Londres, le jeune Talma se fut réuni à plus. de ses compatriotes pour jouer quelq. petites comédies franç., qui attirèrent tout ce qu’il y avait de plus distingué dans West-End. On le pressa de débuter à Drury-Lane et peu s’en fallut qu’il ne s’y décidât. Cependant il revint en France, et pend. 18 mois il y pratiqua l’état de son père. Dans le même temps il exerçait ses talents pour la scène au théâtre de Doyen, où il recueillait des applaudissements mérités. Son projet d’embrasser la carrière théâtrale étant arrêté, il entra à l’école de déclamation fondée en 1786, et il y reçut les conseils de Mole, Dugazon et Fleury. Le 2t nov. 1787 il débuta par le rôle de Séide dans la carrière qu’il devait parcourir avec tant d’éclat. On fut frappé de la noble régularité de ses traits, de la grâce de son maintien et de la chaleur de son débit. Malgré le succès qu’il obtint dans les autres rôles d’épreuve, il fut laissé dans l’emploi des confidents. Une sérieuse étude de l’histoire occupa ses loisirs, et c’est ainsi qu’il prépara cette réforme du costume, tentée si inutilem. par Lekain, Mlle Clai-