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Page:Weiss - Le Théâtre et les Mœurs, 1889, 5e éd.djvu/334

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LE THÉATRE ET LES MŒURS.

reparaît plus ! Et c’est à ce passant que l’on confie tout ce qu’il est nécessaire que nous sachions et que ne sache pas le comte Loris, pour que la pièce soit intelligible et possible ! Passez, muscade ! Le tour en est adroit, mais un peu trop sans façon ; et la pièce est semée de ces tours-là.

Reste le drame même. Restent les scènes qui mettent aux prises la princesse Fédora et le comte Loris Ipanoff. Je voudrais les louer sans réserve. Je le voudrais bien sincèrement, à cause de ce que les amants des hautes lettres étaient en droit d’attendre de M. Sardou et qu’ils n’en ont jamais obtenu ; je ne le puis. La lutte de Loris et de Fédora, au troisième acte, n’est dramatique qu’à la condition qu’on ne songe pas combien elle est inexplicable. Dans l’analyse que j’ai donnée de la pièce, j’ai négligé de dire que Fédora, en rentrant chez elle au sortir de la soirée de la comtesse Olga, a pris soin de mander, en son hôtel du Gours-la-Reine, Gretch et son escouade de police russe. Comme Loris lui a avoué le meurtre, comme les explications qu il a promis de fournir peuvent, après tout, achever de démontrer son crime au lieu de prouver son innocence, Fédora a pris ses mesures pour que Loris, coupable, ne puisse lui échapper. Elle a placé Gretch et ses agents dans une pièce attenante à celle où elle se propose de recevoir le comte Loris Ipanoff. C’est par la pièce où se trouve Gretch qu’elle fera passer Loris après l’audience qu’elle a jugé bon de lui accorder. Gretch et ses bravi ont pour mission de bâillonner Loris et