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Page:Weiss - Les Théâtres parisiens, 1896.djvu/266

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LES THÉATRES PARISIENS.

auteurs n’ont pas eu grand’peine à imaginer, mais dont le public ne débrouille pas les complications avec autant d’aisance que font les deux auteurs. De plus, MM. Chivot et Duru ont eu le tort de demander à une armée réelle, presque notre contemporaine, le type un peu usé de militaire ganache que l’opérette cherchait autrefois en des grands-duchés ignorés du géographe, ou en des seigneuries italiennes et esclavonnes qu’enveloppe le voile des temps. C’est de leur part une faute contre les convenances, contre l’art et contre le genre. Avec tout cela la pièce est amusante ; beaucoup de mois spirituels, quelques-uns trop libres. J’ai relevé au passage un trait qui est plus que spirituel ; il donne la juste impression que produit la personne de l’Anglais : « Je ne suis pas joli, joli », dit l’Anglais de la pièce, sir Crakson, tandis qu’il poursuit Irma de ses vœux : « Je ne suis pas joli, joli, mais je suis confortable. » La partition de M. Audran, au contraire, a la qualité qui manque à sir Crakson. Elle est jolie, jolie ; je ne sais si elle est précisément bouffe, si elle a le souille de gaieté comme le souffle de poésie. Ce que je sais, ce qui est sûr, c’est que le tout, pièce, musique, admis, ballet, mise en scène, a beaucoup plu, et qu’on a passé une bonne soirée à la Gaîté.

Venons au drame du Vaudeville un Divorce. L’un des deux auteurs, M. Moreau, a écrit l’an dernier