Page:Wells - La guerre qui tuera la guerre.djvu/208

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français non blessés en garnison dans la ville.

« Et comme si cet inferno de misère n’était pas suffisant, il y avait encore les réfugiés ! Ce n’était point des Belges ainsi que je l’imaginais, mais des Français. Il paraît que les deux armées anglaise et française durent évacuer la population civile de toute la zone combattante — autant pour empêcher l’espionnage et la trahison (qui ne manquèrent ni à une armée ni à l’autre) que parce qu’elle mourait de faim. Elle fut envoyée à Calais, puis, de là, en bateau jusqu’au Havre. Ce premier dimanche soir un cortège sans fin se déroula, sous une pluie battante, de la gare aux quais.

« Chaque famille avait une voiture d’enfant (des plus commodes, d’ailleurs) sur laquelle étaient entassées, avec quelques bouts de pain, quelques hardes enroulées, sous lesquelles, lorsqu’on regardait de près, on apercevait deux petits enfants qui criaient. Il y avait peu