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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/10

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les pirates de la mer

sant, désagréable à voir, comme du cuir poli. La courbure circonflexe de la bouche d’où rayonnaient les tentacules, la curieuse excroissance qui la surmontait et de grands yeux intelligents donnaient à ces bêtes la grotesque suggestion d’une face. Leur corps avait les dimensions d’un porc de moyenne grosseur, et les tentacules paraissaient avoir plusieurs pieds de long. Il y avait, prétend M. Fison, sept ou huit au moins de ces bêtes ; à vingt mètres de là, dans le ressac de la marée montante, deux autres émergeaient de la mer.

Leurs corps gisaient à plat sur les rochers, et leurs yeux le regardaient avec un intérêt malveillant. Mais il ne paraît pas que M. Fison ait été effrayé ou qu’il ait cru qu’il y avait pour lui un danger quelconque. Peut-être faut-il attribuer sa confiance à la lourde tranquillité de leur attitude. Mais il était naturellement horrifié, intensément irrité et indigné contre des créatures aussi révoltantes qui se nourrissaient de chair humaine. Il pensait qu’elles avaient par hasard rencontré le cadavre d’un noyé. Il se mit à pousser des cris dans l’idée de les faire fuir, mais voyant qu’elles ne bougeaient pas, il ramassa un gros morceau de roche arrondie et le leur jeta.

Alors, déroulant lentement leurs tentacules, les monstres se mirent à s’avancer vers lui, rampant d’abord délibérément et s’adressant les uns