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les pirates de la mer

édifice montèrent silencieusement autour de lui et lui cachèrent la vue de la cité.

« Les murs étaient de bois durci par l’eau, de câbles de fer tressés, d’espars de cuivre et de fer, d’os et de crânes de naufragés. Les crânes couraient au long des murs de l’édifice en zigzags, en spirales et en courbes fantastiques. Dans leurs orbites vides, et sur toute la surface des murs jouaient et se cachaient une multitude de petits poissons argentés. Soudain ses oreilles s’emplirent d’un bourdonnement sourd, d’un bruit comme le son violent des cors, auquel succédèrent bientôt de fantastiques clameurs. La sphère s’enfonçait toujours, passant devant d’immenses fenêtres en pointe, à travers lesquelles il apercevait vaguement, le regardant, un grand nombre de ces étranges et fantomatiques créatures. Et il vint enfin se poser, lui sembla-t-il, sur une sorte d’autel au centre de la place.

« Maintenant il se trouvait à un niveau qui lui permettait de voir distinctement ces étranges habitants de l’abîme. À son grand étonnement, il s’aperçut qu’ils se prosternaient devant lui, tous, sauf un, vêtu, semblait-il, d’une robe d’écailles superposées et couronné d’un diadème lumineux, et qui se tenait debout, ouvrant et fermant alternativement sa bouche de reptile, comme s’il dirigeait les cantiques des adorateurs.