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l’homme volant

« — Hum ! nous avons eu soif pendant toute cette journée, pendant la nuit suivante et tout le lendemain avec seulement quelques gouttes de rosée obtenues en tordant divers linges et la tente. Au-dessous de nous, la rivière coulait avec des glous-glous contre un rocher qui se dressait au milieu du courant. Jamais je n’ai vu une pareille absence d’incidents et une pareille intensité de sensation. Le soleil obéissait sans doute encore à l’ordre de Josué, car il ne bougeait guère ; il flamboyait comme une fournaise ardente. Vers le soir du premier jour, un des deux soldats blancs marmotta quelque chose que personne ne comprit, et il s’en alla en suivant le chemin par où nous étions venus. Nous entendîmes des coups de feu, et quand Hooker alla voir à l’entrée du passage, l’homme avait disparu. Le lendemain matin le cipaye blessé eut le délire et il sauta, ou il tomba, dans le ravin alors nous abattîmes la mule et elle aussi dégringola, dans ses dernières secousses, au bas du précipice, et nous restâmes huit.

« Nous apercevions, tout au fond du gouffre, le corps du cipaye, dont la tête plongeait dans l’eau. Il était à plat ventre, et autant qu’on pouvait s’en rendre compte il paraissait fort peu meurtri. Malgré tout le désir de l’ennemi d’avoir cette tête, il n’osèrent pas s’approcher avant la nuit.

« D’abord, nous parlâmes des chances qu’il y