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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/231

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attention à la prunelle de l’œil, puis il trouva que le menton était un rien trop impassible pour une Ferveur.

Bientôt, il posa palette et pinceau. Allumant une pipe, il se recula pour mieux apprécier les progrès de son travail.

— Je veux être pendu si ce portrait ne me ricane pas au nez, — remarqua Harringay.

Et il s’obstine à croire que, depuis ce moment, le portrait se moqua réellement de lui.

L’expression de la figure s’était certainement animée, mais nullement dans le sens que désirait l’artiste. Le sourire railleur était évident, sans qu’il fût possible de s’y méprendre.

Ferveur de l’Incroyant, — dit Harringay. — Hé ! hé ! voilà un titre qui a un petit air subtil et profond. Mais le sourcil gauche n’est pas assez cynique.

Il le retoucha légèrement et agrandit un peu le lobe de l’oreille pour mieux suggérer le matérialisme. Un nouvel examen s’ensuivit.

— Je crains qu’il n’y ait plus guère de ferveur là-dedans, — dit Harringay. — Pourquoi ne serait-ce pas un Méphistophélès ? Mais c’est un peu trop banal… Un Ami du Doge, ça ne serait pas si mal. Pourtant, il faudrait une armure. Trop « Table Ronde », alors. Faut-il lui mettre une robe rouge et l’appeler : Un Membre du Sacré Collège ? Ce serait sérieux et indiquerait une savante curiosité pour le